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Libres ! par Kamel Daoud

Être libre n’est pas être seul. Traversant la mer rouge en solitaire, Moïse aurait été un naufragé, pas un inaugurateur. Mais être libre est aussi être singulier, dans les prémisses, dans la procession mais aussi la précédence, réfractaire. S’il ne l’avait pas été, Moise confondu, aurait fini dans le commun, la soumission, la perpétuation de l’ordre mort, les lois anciennes. Il faut l’être donc doublement : libre des siens mais libre avec les siens. Alors on l’est tout à la fois, solidaire et solitaire, comme l’avait conclu, lucidement, un ainé.

Mais être libre ne va pas sans traitrise amoureuse, sans infidélité. L’éclaireur est dissident malgré lui. De grands mots certes. Mais qui raisonnent avec les grandes blessures et aident à redéfinir. Car être libre, je le sais par le corps et l’adversité vécus, n’est pas un confort : cela provoque des résistances comme on le sait. On est alors tenté par la reddition, la raison commune, le confort ou la fatalité, cette divinité déclassée.

On est tenté par la fuite de Jonas.

J’aime ce mythe en ce qu’il résume l’essentiel : on n’est pas libre dans la fuite mais dans la nécessité, dans l’acceptation de la pluralité. La liberté prend le détour de la révolte mais ne s’y installe pas pour toujours, s’y épuise vaine si elle y reste. L’homme révolté est l’homme engagé, assumé.

Espérant être libre dans la fuite, Jonas a été soumis au naufrage, à l’obscurité de la baleine et à la colère des Marins qui jugèrent de son malheur en tirant au sort. Nu et revenu, il comprit qu’être libre et l’être par tous, par tous les habitants de Ninive. C’est être libre au pluriel.

Et aujourd’hui ? Cela prend tout son sens : aujourd’hui je peux fuir les miens. Et cela me mènera à subir la colère de l’Occident, ses accusations, être jeté par-dessus bord même. Ou subir l’obscurité du doute et de l’enterrement volontaire. Ou revenir pour me libérer par les miens, qui sont miens par le sang ou la rencontre. Proclamer ma solidarité.

Être libre est partout une même histoire. Même quand on alterne les géographies.

Kamel Daoud

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